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25 février 2014 2 25 /02 /février /2014 05:55

Le commissaire Amédée Mallock est en villégiature dans sa propriété du côté d'Andernos-les-Bains, sur le Bassin d'Arcachon. C'est un policier expérimenté, un brin misanthrope, inspiré par des détails insignifiants pour d'autres enquêteurs. En ce caniculaire mois de juillet, une affaire criminelle va le sortir de sa torpeur. Originaire de la région, son collègue et ami Gilles Guédrout est maintenant commissaire à Bordeaux. Un meurtre vient d'être commis dans un château viticole des environs. Jean de Renom semble avoir été abattu par son épouse Camille. On n'a pas encore trouvé l'arme du crime. Jeunes parents, ce couple de trentenaires apparaissait pourtant uni. La mère de Camille n'est autre que la députée Sophie Corneille, probable prétendante aux futures élections présidentielles. Hospitalisée, la coupable supposée dit ne pas se souvenir de son acte. Devant le corps de Jean de Renom à la morgue, Mallock reconstitue la scène d'assassinat telle qu'il peut la concevoir.

Les familles de Renom et Corneille s'entremêlent de longue date. D'abord, des questions commerciales autour du vignoble les ont rapprochées. Les premières vignes remontent à 1323, quand le vicomte Pancrace d'Armuth développa les cépages, malgré les troubles de la Guerre de Cent Ans. Si les amateurs apprécient la production du château, on n'a jamais produit un vin très supérieur ici. Ça semble dû aux malédictions pesant sur la propriété. Un des derniers cas concerne le meurtre du père de l'actuelle députée, une quarantaine d'années plus tôt. La justice condamna l'amant de l'épouse, le chevalier Charles d'Assas, oublié en prison depuis tout ce temps. Le commissaire contacte à ce sujet son équipe parisienne, baptisée “Fort Mallock”, tandis qu'il rencontre d'Assas en prison. “Pour lui, ce fut à cet instant que commença vraiment l'affaire Corneille. Elle le mènerait bien plus loin, et en des temps bien plus anciens et sanglants, qu'il ne l'aurait imaginé.”

L'arme du crime ayant été retrouvée cachée dans un coffre-fort de sa chambre, Camille de Renom est en état d'arrestation. L'ADN permettrait de savoir s'il existe un lien familial entre le défunt Jean de Renom et Charles d'Assas. Mallock recherche des infos sur la fameuse malédiction du templier Gil Gælian du Gar touchant ce terroir depuis les années 1330. À quoi correspond réellement le chiffre de sept victimes, lié à cette légende et à ses suites ? Alors que Félicien, le maître des vignes, continue à s'occuper du cépage, Mallock et le juge d'instruction Max Balestra entament la partie sensible de l'enquête. Surnommée “la Grande Sophie”, sa réussite sociale a placée la députée parmi l'élite, justifiant qu'elle traite de haut tout le monde. Interrogée par Mallock en prison, Camille admet défauts et qualités de sa mère. Grâce au témoignage de la sage-femme portugaise connaissant la vérité sur la naissance de Jean, l'enquête progresse un peu. Mais c'est loin d'être le seul secret que le commissaire doit découvrir dans ce dossier...

Mallock : Les larmes de Pancrace (Fleuve Éditions, 2014)

Tout policier de fiction digne de ce nom possède ses caractéristiques personnelles et ses propres méthodes. Ce commissaire d'âge mûr roulant dans sa vieille Jaguar, estimant sain de se parler à lui-même, d'un esprit sinon lunatique mais assez fantasque, ne manque pas de particularités. Néanmoins, l'observation et la déduction sont très développés chez lui. Et c'est avec un grand fond d'humanisme qu'il traite cette délicate affaire. Où, peut-être, des regards vers un lointain passé historique sont nécessaires pour assimiler le présent. S'il dispose de moyens techniques et d'une équipe, plutôt autonome, Mallock fonctionne à son rythme. Il est vrai qu'au départ, il est tout de même en vacances.

C'est dans les méandres d'une intrigue emberlificotée que nous entraîne donc Mallock. Il n'a pourtant pas l'intention de nous égarer dans un labyrinthe d'hypothèses oiseuses ou autres fausses pistes. Il nous invite à le suivre dans ses pérégrinations en Aquitaine, à marcher au même pas, sans chercher à en deviner plus qu'il n'en révèle. Dénicherons-nous ensemble, en toute transparence, la clé de l'énigme ? Certes oui, mais ce sera après un itinéraire pour le moins gratiné. La tonalité enjouée d'un récit fluide, autour de cet enquêteur hors normes, reste le meilleur atout de ce suspense policier fort excitant.

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commentaires

P
Non, en fin de compte, la cour d'assises a écarté la responsabilité de l'ARB dans l'attentat du Mac Do de Quévert.<br /> <br /> http://fr.wikipedia.org/wiki/Arm%C3%A9e_r%C3%A9volutionnaire_bretonne
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C
Cher Philippe, vous approchez là un sujet que je connais fort bien. Je me suis même promis de ne jamais oublier le nom de la victime : Laurence Turbec. Car les lâches qui se sont abrités derrière cette organisation fantomatique appelée ARB méritent de pourrir en enfer. Ces gens n'ont jamais défendu les intérêts des Bretons, surtout pas leur porte-parole d'alors. Leur sectarisme était et reste dangereux. Et, jusqu'à ce qu'ils m'aient prouvé leur innocence, je les tiens pour les assassins de Laurence Turbec.<br /> Amitiés.
P
Précisons, et c'est une question de droit, de procédure pénale, qu'en matière de crimes terroristes, c'est le parquet de Paris, et donc la justice et la police de Paris, qui sont compétents, et non pas ceux du lieu où l'attentat ou sa préparation, même ratée, ont été commis.<br /> Le sachant, il n'y a pas lieu de s'étonner quand on apprend aux informations que tel acte terroriste a eu lieu dans telle région, puis que le parquet de Paris lance des poursuites avec enquête policière, et quelques années plus tard que le procès se tient devant la cour d'assises de Paris.<br /> Je me souviens que je visitais, en touriste bien que parisien, le Palais de justice de Paris, il y a quelques années. Par hasard, j'avais débouché dans la salle où la cour d'assises jugeait cette affaire dont vous vous souvenez : l'attentat du Mac Donald's en 2000 dans une ville de Bretagne dont moi j'ai oublié le nom exact, quelque chose comme Queven ou Pleven. L'attentat était peut-être destiné au départ à détruire le fast-food sans faire de victimes. Mais une jeune femme employée était venue tôt le matin pour ouvrir et avait été tuée par l'explosion déclenchée à ce moment, peut-être suite à une mauvaise appréciation des terroristes pensant qu'il n'y avait encore personne.<br /> L'attentat avait été revendiqué par l'ARB, ce qui a été retenu par la cour d'assises. L'ARB étant, vous le savez aussi bien que moi, un mouvement autonomiste breton existant depuis les années 1970. L'attentat avait créé la surprise, dans la mesure où en 2000 l'ARB était supposée en sommeil depuis longtemps, et même à son époque d'activité n'était jamais allée jusqu'à commettre des attentats avec usage d'explosifs et mort d'homme.<br /> Voilà l'un des nombreux exemples illustrant ce dont vous parlez, le fait qu'il y ait des cas dérogatoires, où la compétence obéit à d'autre critères que géographiques.<br /> <br /> Cordialement
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P
Bonjour M. Le Nocher, Patrick,<br /> <br /> L'auteur est-il anonyme ? Puisqu'on ne voit que le nom de Mallock ?<br /> Remarquons que, en notant d'après votre chronique la réelle qualité d'écriture de ce roman, il y a quelques éléments qui montrent que l'auteur ne se prend pas excessivement au sérieux.<br /> Des prénoms comme Amédée ou Félicien, très improbables pour des personnes de notre époque.<br /> Le fait de ne pas parler de l'incompétence juridictionnelle qu'aurait le commissaire Mallock dans la réalité : il est en vacances, donc pas en service à moins d'être spécialement habilité par le juge d'instruction à enquêter. Policier à Paris, il n'est à Bordeaux ou Arcachon pas dans sa zone de compétence géographique. Et une affaire d'homicide est du ressort de la brigade criminelle, à laquelle il n'est pas dit explicitement que Mallock appartienne.<br /> Un personnage, condamné à tort semble-t-il, s'appelle le chevalier Charles d'Assas. Le titre de chevalier n'existe plus depuis longtemps.<br /> Je l'avais déjà lu dans l'un des pastiches de Sherlock Holmes par René Réouven, où Holmes et Watson partent pour Paris envoyés par leur créateur Arthur Conan Doyle rencontrer le chevalier Auguste Dupin à son époque dans le Paris de 1841 et intervenir dans le &quot; Double assassinat dans la rue Morgue &quot; d'Edgar Allan Poe. Holmes rappelle à Watson qu'ils sont des personnages de fiction, que si Baker Street à Londres existe, le 221 B n'existe pas ( c'est à un autre numéro de la rue que se trouve dans la réalité le musée Sherlock Holmes ), pas plus que la rue Morgue à Paris. Et qu'à l'époque où Poe situe les enquêtes de Dupin, le titre de chevalier n'existe déjà plus, depuis la Révolution.<br /> Quant au nom Charles d'Assas, c'est une référence transparente au chevalier d'Assas ( avec un autre prénom ), noble combattant tué au combat au cours d'une bataille sous Louis XV en 1760.<br /> A Paris, il existe en revanche la rue d'Assas dans le 6ème. A l'un des premiers numéros se trouve un excellent chocolatier, Jean-Charles Rochoux.<br /> <br /> Cordialement
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C
Bonjour Philippe<br /> Désolé d'avoir occulté certains de vos commentaires précédents, mais il y a pléthore de messages ce mardi. <br /> L'auteur se nomme J.D.Bruet-Ferreol et exerce diverses activités artistiques. Il a choisi le nom de son héros, Mallock, en guise de signature, comme le fit par exemple San-Antonio. En effet, il cherche quelque peu le &quot;décalé&quot; dans cette intrigue. Et c'est très réussi.<br /> En grandes villes, vous ne le faites plus depuis belle lurette, mais nous autres les régionaux, nous lisons encore chaque jour les avis d'obsèques. Et nous y voyons toujours &quot;Mme la vicomtesse de Machin-Bidule, née Trucmuche du Coin&quot; ou &quot;le marquis Renaud de la Renaudière du Plessis-des-Joncs, de la part de son épouse, née Bénédicte de Saint-Martin&quot; (noms fictifs). Des titres sans aucune valeur en démocratie. Tout ça pour dire qu'il doit y avoir encore des gens qui se prévalent du titre de Chevalier, surtout avec la résurgence des milieux catho-royalistes. En particulier en Bretagne, le nom de famille Baron (ou Le Baron) est très courant. Par plaisanterie, certains s'amusent encore à dire : &quot;Je suis le Baron de Ploutrézénac&quot;. Hélas, cet humour se perd.<br /> Le nom choisi peut simplement faire référence au fait que la Fac d'Assas enseigne en priorité le Droit, donc la Justice, alors que ce personnage en a -peut-être- été victime. <br /> Un mot sur l'affectation &quot;usurpée&quot; du commissaire hors de sa juridiction : c'est commun depuis Maigret, et le juge d'instruction ici veille à la &quot;régularité&quot; de sa mission... Encore que je me souviens d'affaires se déroulant dans mon département, où les frontières furent peu prises en compte, la/les victime(s) étant originaires de Paris ou d'ailleurs. Les coupables aussi, à vrai dire.<br /> Amitiés.
P
Bonjour<br /> Un bon résumé qui met l'eau à la bouche , alors on note.....<br /> Bonne journée.<br /> Amitiés.
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C
Bonjour Patrick,<br /> Si tu veux connaître l'univers de Mallock, sa première enquête &quot;Les visages de Dieu&quot;, édition entièrement revue par l'auteur, vient de sortir chez Pocket. Amitiés.

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