À l'occasion de la sortie du nouveau roman de Jérôme Bellay “Le bal des pompiers”, retour sur son précédent roman, publié en 2008 chez le même éditeur, Cherche Midi.
Grand reporter pour la télé, Vincent Delorme a été témoin des principaux évènements mondiaux des dernières décennies. Avec son cameraman préféré Tintin, aussi baroudeur que lui, ils ont même obtenu un scoop en Palestine. Les autorités israéliennes l’ayant accusé de parti pris, mal soutenu par sa chaîne de télé, Vincent cessa ses reportages. Aujourd’hui il dédicace son nouveau roman dans une librairie du Nord. C’est là que Vincent est abattu par un inconnu. Journaliste de trente-cinq ans, la très féminine Marie-Ange était une proche de Vincent. Sénéchal, leur rédacteur en chef, lui demande d’enquêter.
Marie-Ange trouve peu d’éléments. Si ce n’est qu’un curieux journaliste belge traîne sur les lieux du crime. Le corps de Vincent a été directement envoyé à Paris pour l’autopsie. Jeune légiste, Ambroise Morillon espère séduire Marie-Ange en lui offrant son aide. Il trouve sur Vincent un ticket avec une inscription, peut-être un début de piste. Au sein de la rédaction, Antoine Kassem est pleinement au service du grand patron, Jacques Doris, héritier d’une dynastie d’homme d’affaires. En Afrique, sous couvert d’interviews de dirigeants, Kassem négocie pour Doris. Sénéchal, le rédacteur en chef, est bientôt écarté au profit de Kassem.
Marie-Ange a accepté de devenir présentatrice du “20 Heures”, choisie par Doris et Kassem. Elle sait que c’est pour l’empêcher d’enquêter davantage sur la mort de Vincent. La nébuleuse version officielle clôt l’affaire. Assistée de Morillon, Marie-Ange poursuit discrètement l'enquête. Tintin lui confirme que Vincent n’avait aucun préjugé en matière d’info. C’est en Afrique qu'elle va chercher des réponses. Auprès de deux colons à l’ancienne ayant connu Vincent. Et d'un rebelle angolais qui dispose d’un solide armement en pleine jungle. À Cannes, un skipper malouin témoigne de ce qu'il sait. La journaliste est prête à présenter son reportage sur le dossier Vincent au “20 Heures”. Ce qui entraîne certains remous...
Cette intrigue est très différente du nouveau roman de l'auteur, “Le bal des pompiers”. Le monde de l'info en est le thème. Le journal de 20 Heures ? “Les reportages qu’il diffuse sont le prêt-à-porter des drames de la planète. On y trouve tout sur l’échelle de Richter des émotions (..) Il faut faire vite. Il faut faire court. Il faut frapper.” Ces rédactions sont surtout des paniers de crabes, au service de puissants intérêts, oubliant la déontologie, alimentant leurs querelles internes. “Bientôt on n’aura plus besoin de journalistes pour faire du journalisme. Et nous en sommes, nous en serons les premiers responsables.” Connaissant parfaitement ce milieu, Jérôme Bellay le met en scène avec beaucoup de vérité. Il souligne l’éternelle ambiguïté des rapports entre France et Afrique, et autres truquages de l’info. Ce roman aux multiples péripéties, entre enquête et action, s’appuie sur un scénario fort bien construit. Bienvenue dans les arcanes de la manipulation et du cynisme !