Été 1995, à l'hôpital gériatrique d'Ambrex, dans région lyonnaise. Depuis quelques années, Marie-Berthe Paquet gère cet établissement ressemblant à un mouroir. Si l'on y manque un peu de personnel durant la saison estivale, la directrice n'y peut rien. Le jeune Valentin Ledoux y a été encore engagé cet été, pour un poste de gardien. Il y retrouve la belle infirmière Bérengère Bravot, qui apparaît si sûre d'elle. Valentin est plus proche, et même plus intime avec Zita Béjahoui. Cette jeune femme de ménage préfère rester ici durant les vacances, plutôt que de suivre sa famille au bled. Zita est plus amoureuse de Valentin qu'elle ne veut le montrer.
René Bernardeau est chargé de la morgue de l'hôpital, ce qui nécessite un certain savoir-faire. Il est l'amant de Marie-Berthe, leurs relations sexuelles obéissant à un petit cérémonial. Naguère, la directrice fut brièvement la maîtresse de l'agent d'entretien Étienne Chabert. Celui-ci reste fasciné par Marie-Berthe, sans avouer qu'il est assez jaloux de René. Cet été-là, Chabert retrouve un peu par hasard Ghislaine Burgelin, avec laquelle il partagea une expérience de vie. Tout ce petit monde de l'hôpital d'Ambrex se trouve confronté à une situation inattendue et perturbante.
Quand la vieille Mme Potonier se jette par la fenêtre, il ne fait guère de doute qu'il s'agisse d'un suicide. Quelques signes montraient qu'elle n'avait plus toute sa tête. Et on ne peut pas surveiller les patients en permanence. Malgré les dégâts, René lui redonne un visage correct. Peu après, c'est Mme Strudman qui se défenestre à son tour. Elle était la voisine de chambre de la première défunte. Avec cette chaleur, il fallait pourtant bien laisser la fenêtre ouverte. Quand Mme Picolet est la troisième victime de cette série, Marie-Berthe a de quoi s'inquiéter. Mais elle se sent capable de résoudre les problèmes.
Bien qu'elle ait fait poser des grillages aux fenêtres, et qu'une enquête de police ne semble pas indispensable, il vaut mieux que la directrice s'installe sur place, dans le logement de fonction qu'elle n'occupait jamais. René pourrait suspecter Chabert d'avoir provoqué ces décès, car il devine la jalousie d'Étienne. La directrice s'arrange pour exploiter la médiatisation de cette série de morts. L'aide bénévole de Ghislaine Burgelin n'est pas inutile, quel que soit le but de celle-ci. Étienne ressasse des réminiscences qu'il s'était efforcé d'oublier. Quand l'infirmière Bérengère découvre les confidences écrites d'une des défuntes, plutôt silencieuse de son vivant, c'est un élément capital...
En 1989, Françoise Rey connut un énorme succès avec “La femme de papier”, un roman érotique littéraire. Pour qu'elle soit cataloguée, il n'en phallus pas plus (jeu de mot de bon aloi, non ?). Elle a écrit depuis une bonne vingtaine de livres, dont un en collaboration avec Patrick Raynal. Françoise Rey n'a jamais cherché à décoller l'étiquette apposée sur son œuvre. Toutefois, si le sexe y est décomplexé, il n'est sale et sordide que pour les plus puritains, puisqu'il en reste. Un certain “libertinage” qui s'est développé depuis vingt ans, esbroufe d'une bourgeoisie friquée prétendument décoincée, est moins respectable que les romans de Françoise Rey. Car ces fictions suggestives ont le mérite d'être de bon niveau.
Avant tout, “Ultime retouche” est un suspense psychologique. La première scène montre une des bases de l'histoire. La deuxième introduit l'idée de mort peut-être criminelle. La suite est construite telle une galerie de portraits. Dans un univers plutôt clos comme celui décrit, il est vrai que se croisent les protagonistes en ordre dispersé. Si ces personnages ont fatalement un point commun, c'est leur intériorité secrète. Dans nos vies, avons-nous la moindre raison de livrer nos blessures aux autres ? Non, vu l'individualisme ambiant, sans doute gardons-nous de plus en plus ces petites douleurs si personnelles. L'érotisme pointe ici et là dans ce scénario, aussi vaut-il mieux le réserver aux adultes. Néanmoins, on retient principalement la psychologie de l'intrigue, très très proche du polar.