Puisque c'est le jour, voici une intrigue qui se déroule pour l'essentiel durant la période de Noël...
Âgé de vingt-neuf ans, le parisien Jacques Morin est chef-steward depuis quatre ans chez Air France. Voilà quelques mois qu'il est affecté aux vols vers les États-Unis. Un jour, dans un bar des Champs-Élysées, une femme lui a proposé de transporter une valise avec un double-fonds, cachant des sachets censés contenir trois kilos d'essences de parfums. Ayant besoin d'argent, Morin a accepté. Il a été arrêté dès son arrivée à New York. L'agent du FBI Jef Strafford comprend qu'il n'est qu'un messager, d'autant que Morin n'a pas de casier judiciaire. Le chef-steward accepte d'aider Strafford à coincer le nommé Luigi, à qui il va remettre la valise avec la drogue.
La Mafia n'ignore pas le rôle de Morin dans cette affaire. C'est ainsi que le Français se retrouve bientôt emprisonné dans un pénitencier. On sait que c'est un indic, aussi est-il l'objet de brimades permanentes. Venant des gardiens, mais surtout de Gros Sam et P'tit Louis, chargés par la Mafia de lui en faire baver. Un incident lui permet d'échapper à un sort fatal, avant qu'il soit libéré grâce à Strafford. En décembre, Morin est de retour en France, peu avant Noël. Il ressasse le conseil du père Hobson, aumônier du pénitencier : “Quittez la France, émigrez en Australie, refaites votre vie sous une autre identité.” Son appartement a été reloué. La mannequin Sonia Volovniev, qui l'a entraîné dans ce trafic, n'habite plus à son adresse passée.
Morin renoue avec son ex-petite amie, Claire. Avec son aide, il trouve l'adresse actuelle de Sonia. Quand Morin est en face d'elle, il est prêt à se venger en la frappant avec un chandelier. Il finit par exiger de l'argent et des papiers d'identité pour fuir la France. Sonia s'adresse au chef du trafic de drogue, le photographe Max Reinhardt. Celui-ci fait semblant d'accepter le chantage, où Sonia servira d'intermédiaire avec Morin. Peu après, Reinhardt massacre la jeune femme à l'aide du chandelier portant les empreintes de l'ex-steward. Ce dernier est bientôt piégé sur les lieux du crime, car le photographe a alerté la police. Le chevronné commissaire principal Thiébaut et son adjoint Lambert, de la Brigade criminelle du Quai des Orfèvres, sont chargés de l'affaire...
Né en 1930, Claude Joste débuta aux éditions Fleuve Noir en écrivant plusieurs romans pour la collection Feu. En 1967, il publie son premier titre en Spécial-Police, “Le chandelier de Noël”. C'est la naissance du commissaire Jérôme Thiébaut, expérimenté et fumeur de pipe comme il se doit, pour des enquêtes traditionnelles. On y explore divers décors et milieux sociaux à la manière des “Cinq dernières minutes”, au risque d'intrigues assez mollassonnes. Jusqu'en 1987 (“Les clarines de Neuilly”), Claude Joste sera très productif, dans les romans policiers, l'espionnage, et en collaboration sous d'autres pseudonymes.
Ce premier polar de Claude Joste est certainement un de ses plus convaincants. Par sa construction d'abord, puisque nous suivons les déboires du héros, aux États-Unis puis en France. Par son ambiance et son contexte aussi, qui apparaissent plutôt conformes à cette décennie 1960. Un suspense, non pas exceptionnel, mais vraiment palpitant.