Les polars où il est question de sépultures, de tombes, ne sont pas rares. Enterrer une victime, pas forcément dans un cimetière, est un bon moyen de faire disparaître un corps. Pourtant, ça va généralement engendrer des complications diverses. Même les cadavres jouent parfois de mauvais tours à leurs assassins. Parmi les multiples exemples que l'ont pourrait évoquer, voici deux romans très réussis autour de ce type d'intrigues. Celui de J.P.Conty mériterait même de figurer parmi les classiques du polar...
André Lay : "Déterrez, c'est une erreur" (Fleuve Noir, 1958)
Aux États-Unis, Ernie Larsen vient de sortir de prison. Trouver un emploi dans cette ville est une priorité. Il est bientôt engagé comme chauffeur, garde du corps et homme de confiance par Steven Barclay. Ce dernier est certainement l'homme le plus impopulaire de la région. Il a fait fortune grâce à la construction d'immeubles de médiocre qualité, dont il empoche les loyers trop chers pour ces taudis. Il risque prochainement des ennuis, car une commission d'enquête s'intéresse à ses malversations. En outre, Barclay est physiquement diminué, ne pouvant se déplacer seul. Il constate rapidement la compétence d'Ernie Larsen dans son rôle d'assistant.
Barclay est l'époux d'une femme très séduisante, Hélène. Pour elle, et pour toucher une part de la fortune de son patron, Ernie envisage de supprimer Barclay. Il s'agit d'élaborer un plan précis. Avec la complicité d'Hélène et un horaire précis, sa mise en scène fonctionnera. Il redoute peu la police, puisqu'il a tout prévu. Si l'assassinat fut compliqué, la suite apparaît plus aisée. Le policier Handel vérifie les faits et le propos d'Ernie, qui n'est pas soupçonnable. Énorme problème quand même, le cadavre de Barclay a disparu, emporté par une crue. Pas de corps, pas d'héritage. Le corps qu'on retrouvera sous le nom de Langlais est bien celui de Barclay. Mais il serait trop dangereux pour Ernie Larsen de le reconnaître. Croyant Barclay toujours en vie, le policier Handel laisse pourrir la situation. Un jour, il pense l'avoir retrouvé. Mais Ernie n'est pas au bout de ses ennuis...
Jean-Pierre Conty : "Première nuit dans la tombe" (Fleuve Noir, 1972)
Âgé de vingt-cinq ans, Stéphane Mestaux est issu d'une famille d'origine yougoslave, les Mestovich. Il a été élevé par son oncle, professionnel de l'immobilier, qui n'éprouvait guère de sentiments chaleureux envers lui. Stéphane est amoureux de la belle Lika Lambert, fille de l'architecte qui est le meilleur ami de son oncle. En réalité, ce n'est pour Lika qu'une relation fraternelle, car elle a un autre amant. Quant à Mme Chabanian, gouvernante de son oncle, il n'a pas de raison de sympathiser avec elle. Au décès de l'oncle, Stéphane se sent parfaitement capable de lui succéder à la tête de la société immobilière. Les plus zélés collaborateurs l'ont déjà compris. Toutefois, la situation financière est précaire. Stéphane compte raser la maison de son oncle, très bien située, afin de bâtir à la place un immeuble de luxe. Gros bénéfice en vue, ce qui convainc même les sceptiques.
Un problème se pose : c'est Draga, la fille naturelle de l'oncle, vivant en Yougoslavie, qui est l'héritière désignée de cette maison. Stéphane espérait un accord facile, mais Draga (arrivée à Paris) s'avère moins manipulable qu'il le pensait. Il choisit de la supprimer, de faire disparaître son corps, en se ménageant un alibi. La Yougoslave n'était pas ce qu'elle prétendait être, et il semble bien qu'elle soit sortie de sa tombe. Le commissaire Bernu croit que Stéphane a éliminé son oncle, et le surveille de près. Heureusement, Lika (qui a été lâchée par son amant) va se montrer protectrice envers Stéphane. Malgré tout, entre le policier qui le traque et son énigmatique victime, Stéphane ne maîtrise plus la situation. Disparaître à son tour, voilà la solution. Toutefois, le policier Bernu est expérimenté...