Benjamin Cooker est un œnologue de réputation internationale, dont le Guide des vins est une référence. Basé dans la région bordelaise, il est assisté du jeune Virgile Lanssien, et de la laborantine Alexandrine de la Palussière. Parmi leurs activités, Cooker et son équipe sont aussi conseillers pour bon nombre de viticulteurs. La qualité du vin, son amélioration, c'est tout un métier. Benjamin Cooker accepte également des missions comme celle que lui a confié Georges Gimonprez. C'est l'un des plus importants négociants de Bordeaux. Il possède un château et diverses propriétés. Par sa férocité en affaires, Georges Gimonprez ne compte pas que des amis. Son nouveau projet consiste à investir en Chine. Acheter 1350 hectares d'un seul tenant, y planter de la vigne et commercialiser sur le marché chinois, un programme pour lequel il a besoin des conseils de Benjamin Cooker.
Alors qu'il dîne dans le même restaurant que l'œnologue et son assistant, Gimonprez est victime d'une fatale crise cardiaque. Dès le lendemain, Benjamin est reçu au château par la veuve. Elle paraît peu surprise du décès de son époux. Le médecin traitant du négociant confirme les soucis de santé de son patient. C'est le neveu du défunt, Thomas Cardonet, déjà directeur général, qui devra prendre les rênes de l'entreprise. Sa mère Hélène, veuve de longue date, devenue la compagne de Berland, comptable de la société Gimonprez, ne suit que de loin l'évolution de la société de son frère. Le commissaire Barbaroux est déjà occupé par l'agression d'étudiants œnologues chinois à Bordeaux. Si Benjamin déniche des éléments nouveaux, il saura les exploiter. “C'est tout à fait le genre d'embrouilles qui vous excitent, ça...” ironise Virgile. “Disons que ça me titille, plutôt.” admet son patron.
Benjamin Cooker fait connaissance avec l'entourage professionnel de Gimonprez. Pour le moment, les projets du défunt restent en cours. L'œnologue doit s'improviser guide afin de vanter à deux Chinois les mérites de la région. Avec Virgile, Benjamin visite un cabanon de pêche qui lui a paru suspect. Un lieu confortable, où ils découvrent une possible pistes, des traces de coûteux cigares. Cooker voudrait bien définir à quoi servait le labo personnel de Gimonprez. Alors qu'ils ont analysé et dégusté les échantillons des vins qui seront commercialisés bientôt, l'œnologue et ses adjoints comprennent mieux d'où venaient les problèmes de santé du défunt. Il est indispensable que le commissaire Barbaroux relance une enquête sérieuse, maintenant...
À chaque nouvel épisode de cette série de romans “Le sang de la vigne”, on éprouve un plaisir certain à suivre ce détective amateur. Pour Cooker, il s'agit davantage de recueillir de menus indices et des impressions, que de mener une enquête en bonne et due forme. Ses investigations peuvent être animées, mais l'ambiance se veut plus feutrée et courtoise que pétaradante ou explosive. On préfère observer et écouter, que sortir l'artillerie lourde et menacer l'adversaire. Foncer dans le tas, façon baroudeur ? Non, comprendre un contexte, économique ou familial, c'est déjà faire un grand pas en direction de la vérité.
Si Jean-Pierre Alaux et Noël Balen n'abusent pas des détails érudits, ils nous font néanmoins visiter le terroir, et livrent quelques détails historiques : comment le vin clairet du Moyen-Âge devint, au fil des siècles, le Bordeaux actuel ; l'hommage qu'on doit aux frères Lillet, les premiers à largement commercialiser ces vins dès la fin du dix-neuvième siècle. L'occasion aussi d'en apprendre un peu plus sur les meilleurs cigares cubains. En filigrane, il n'est pas interdit de s'interroger sur les échanges économiques avec la Chine, peut-être un concurrent à venir sur les marchés internationaux. Quoi qu'il en soit, cette nouvelle affaire s'avère aussi plaisante et savoureuse que les précédentes aventures de Benjamin Cooker.
Mes chroniques sur les deux précédents épisodes du "Sang de la vigne".