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5 novembre 2013 2 05 /11 /novembre /2013 05:55

Quito, capitale de l'Équateur, altitude 2850 mètres, une agglomération de deux millions et demi d'habitants. À l'ombre du volcan Guagua Pichincha, la vieille cité coloniale côtoie la ville moderne. “Personne ne regarde en arrière, vers ces décennies de croissance urbaine, cette époque où on aurait pu faire quelque chose et où on n'a rien fait pour que la ville s'épanouisse harmonieusement et sans mettre en danger la vie de ceux qui venaient s'y installer.” Ainsi va l'essor urbain labyrinthique et anarchique de Quito. L'Équateur reste un pays latin conjuguant foi et violence. “Les lascars avaient déjà pris la fuite, la police arrivait, ainsi qu'une ambulance. La rue où habitait Heriberto Gonzaga S'était remplie du spectacle qu'engendre la violence dans une ville née pour prier.” Ici, règles et lois sont des notions approximatives, puisque la mort fait pleinement partie du quotidien.

Un accident de la route cause les décès de Julio et Marianna. Leur amie Maria de Carmen Sosa s'en sort, non sans séquelles psychologiques. Le conducteur du 4x4 qui a heurté leur voiture pourrie s'est enfuit sans attendre. Pendant deux ans, nul ne cherche à l'identifier. Quand survient le suicide de Maria de Carmen, le policier Heriberto Gonzaga vérifie que l'enquête fut bâclée. Il se sent impuissant. Pourtant, en secouant un épicier qui fut témoin de l'accident, Heriberto trouve une piste. Le chauffard serait l'architecte Ortiz, sans doute impliqué dans des affaires de blanchiment. Le policier l'abat sans hésiter et lui vole son nouveau 4x4. Le défunt Ortiz a une fille de dix-huit ans, Paulina. Pas insensible, Heriberto la prend en filature tandis qu'elle visite des églises. À l'inverse de son oncle et de sa mère, Paulina n'éprouve aucun esprit de vengeance.

Le légiste Arturo Fernadez est braqué par trois sbires à la solde des Ortiz, qui cherchent Heriberto Gonzaga. S'ils épargnent la grand-mère du policier, ils tuent le chauffeur du taxi transportant dans la nuit Paulina et Heriberto. Ainsi s'acheva la vie singulière de Devoto Santos, qui se paya son taxi de curieuse façon. Le père du brigadier Segundo Cifuentes étant autopsié après un arrêt cardiaque en voiture, c'est ainsi qu'il fait connaissance du légiste Arturo. Consultant le rapport médical sur l'accident causé par Ortiz, il espère être capable de relancer l'affaire. Tandis que Heriberto navigue toujours dans la métropole quiténienne, avec ou sans Paulina, le légiste rencontre la grand-mère du policier. Cifuentes et lui poursuivent une enquête qui a peu de chances d'aboutir...

Alfredo Noriega : Mourir, la belle affaire ! (Ombres Noires, 2013)

Parmi les romans inclassables choisis par la collection Ombres Noires, celui-ci va figurer en tête des “hors normes”, assurément. Inhabituelle et déstabilisante histoire, dans un décor fort peu familier. Polar noir ou roman sociétal, difficile de se prononcer car l'intrigue ne se dévoile qu'à travers un chassé-croisé nocturne et brumeux. “Voilà comment est la nuit, sans trêve ni compassion, uniquement soumise au destin. Heriberto la regarde, le visage envahi par l'absurde ; tous deux sont épuisés, crasseux et morts de faim. Depuis un bon bout de temps, ils n'arrivent pas à comprendre, ne serait-ce que cela, pourquoi ils sont ensemble.” Paulina et le policier, couple hautement improbable, c'est exact.

Dès que l'on adopte un certain fatalisme des habitants de Quito, on se sent effectivement à leurs côtés dans ces tribulations équatoriennes. Ce qui apparaît déroutant, peut-être, c'est qu'aucun d'eux ne cherche vraiment d'explication, ni de vérité. Comme si la torpeur valait mieux que la réalité. On vous répond facilement “Et... ?” dans le sens de “Qu'est-ce que ça peut me faire ?” Ambiance plutôt décalée par rapport à nos critères occidentaux, à laquelle il faut prendre le temps d'adhérer. L'auteur s'attarde sur des personnages au parcours gratiné. Tels le chauffeur de taxi Devoto Santos, ou l'attachante aïeule du policier Gonzaga. Parce que c'est un roman insolite, il mérite d'être découvert par un large public.

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commentaires

P
Salut Claude, le menu est bien alléchant. A tester ! Amitiés
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C
Salut Pierre<br /> Une ambiance assez différente, pas déplaisante du tout. Amitiés.

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