En ce 11 novembre, mettons un peu de côté les polars. Cet armistice de 1918 aurait dû mettre fin définitivement à toutes les guerres en Europe, et peut-être dans le monde. Ce ne fut pas le cas, car la fragile démocratie a toujours été la cible des dirigeants politiques belliqueux et dictatoriaux. Aujourd'hui encore, sommes-nous à l'abri ? Relire témoignages et romans sur cette époque reste un moyen de ne pas retomber dans la même haine de l'autre, qui conduit toujours au massacre. Quelques parutions récentes...
Chez Le Livre de Poche : “1914-1918 Français et Allemands dans les tranchées”. 1080 pages, réunissant quatre immenses romans sur la Grande Guerre : Roland Dorgelès “Les Croix de bois”, Erich Maria Remarque “À l’ouest rien de nouveau”, Gabriel Chevalier “La Peur et Crapouillot”, Ernst Junger “Orages d’acier”.
À l’été 1914, les armées françaises et allemandes s’engagèrent dans un conflit qui, pour la première fois dans l’histoire, allait se propager au niveau mondial. Plusieurs millions d’hommes furent envoyés sur le front. Dans la boue des tranchées, sous les obus et les nuages de gaz, ils tentèrent de survivre à “la plus formidable connerie des temps modernes”. Beaucoup ne revinrent jamais. De ces années terribles sont nés des textes d’une grande force littéraire, devenus des classiques contemporains. Ce volume réunit quatre auteurs français et allemands, dont les œuvres témoignent, chacun à leur façon, de la vie de ces hommes engloutis dans la folie meurtrière de la guerre.
Chez Librio, deux titres complémentaires : “Paroles de poilus”, de Jean-Pierre Guéno. “Voilà six mois bientôt qu'on traîne cette misérable existence qui n'a plus rien d'humain.” Août 1914 : les soldats partent sous les fleurs et les encouragements du peuple français. Sur les huit millions de poilus mobilisés entre 1914 et 1918, plus de deux millions ne reverront pas leur village natal. Plus de quatre millions souffrent de graves blessures, pour la plupart irréversibles. Mais, au-delà des séquelles physiques, ils sont à jamais marqués par l'horreur de cette guerre. Huit décennies plus tard, suite à l'appel de Radio France, des milliers de personnes envoyèrent les lettres de poilus conservées par leurs familles. Cet ouvrage en présente une centaine, qui n'ont pas vieilli. Ces mots déchirants incitent les nouvelles générations au devoir de mémoire, au devoir de vigilance et à l'humanité...
Un livre qui se complète avec “Les poilus”, de Jean-Pierre Guéno, de nouveaux documents de soldats, inconnus ou célèbres (Apollinaire) traitant de la mobilisation, la chasse aux espions, les soldats de la colonie, les lettres d’amour.
Chez Folio, un classique : “Le feu – Journal d'une escouade” d'Henri Barbusse. Prix Goncourt en 1916, le témoignage poignant de l'horreur des tranchées par un survivant. Il reste un chef-d’œuvre de la littérature de guerre. Dossier et glossaire réalisés par Pascale Salinier. Lecture d'image par Alain Jaubert « Des héros, des espèces de gens extraordinaires, des idoles? Allons donc! On a été des bourreaux. On a fait honnêtement le métier de bourreaux. On le r’fera encore, à tour de bras, parce qu’il est grand et important de faire ce métier-là pour punir la guerre et l’étouffer. Le geste de tuerie est toujours ignoble – quelquefois nécessaire, mais toujours ignoble. Oui, de durs et infatigables bourreaux, voilà ce qu’on a été. Mais qu’on ne me parle pas de la vertu militaire parce que j’ai tué des Allemands.»
Chez Folio aussi, à découvrir les “Écrits pacifistes” de Jean Giono. Ce volume réunit «Refus d'obéissance», «Précisions» et «Recherche de la pureté», trois textes pacifistes d’un homme qui n’oublia jamais l’horreur de la Première Guerre mondiale.