C'est dans un coffret à la présentation soignée, que Marc Villard a réuni quatre auteurs de prestige pour “Femmes en colère” (Atelier In8). Il contient quatre livrets, présentant des nouvelles de quinze à vingt pages. Des textes où s'expriment le talent incontesté de grands noms du roman noir. En effet, ces quatre-là ont mérité une brassée de Prix littéraires, souvent décidés par des publics de lecteurs. Qu'on en juge :
Didier Daeninck a été récompensé par le Grand prix de Littérature policière et le Prix Paul Vaillant-Couturier pour "Meurtres pour Mémoire", le Trophée 813 pour "Le géant inachevé", le Prix Mystère de la critique pour "Play-back", le Prix Louis Guilloux pour "Zapping", et quelques autres distinctions. Marc Villard a, entres autres, reçu le Prix Michel Lebrun pour "Démons ordinaires".
Dominique Sylvain a reçu le Prix Sang d'Encre pour "Vox", le prix Michel Lebrun pour "Strad", le Grand prix des lectrices de Elle pour "Passage du Désir" et le Prix du meilleur polar français (du magazine Lire) pour "Guerre sale". Marcus Malte a été récompensé par le Prix Polar dans la ville pour "La part des chiens", Le Prix Mystère de la critique pour "Les harmoniques", et une bonne dizaine de Prix pour "Garden of Love" (dont Prix Sang d'Encre, prix Michel Lebrun, Grand prix des lectrices de Elle, Prix des lecteurs Quais du Polar...)
Voici quelques mots sur les quatre nouvelles de ce coffret...
Didier Daeninckx : La sueur d'une vie
À Santa-Maria de Cicero, plusieurs femmes pénètrent dans la Nova Caixa, la caisse d’épargne espagnole puis se barricadent dans le bureau du directeur de l’agence régionale. Et là, chacune passe en revue sa vie de misère, bafouée par, entre autres, les placements pourris de la Caisse. La plus jeune des révoltées a soixante-quinze ans et faire sauter son tee-shirt ne lui pose pas problème. L'auteur dénonce les ravages humains que produisent les mécanismes du capitalisme financier, avec suspense et humour.
Marc Villard : Kebab Palace
Cécile survit avec sa fille Lulu dans un mobile home à Ritsheim, une bourgade alsacienne. La neige brouille le paysage et la cité asiatique qui leur fait face. Elles découvrent, à deux pas, le cadavre martyrisé d’une jeune chinoise qui bouleverse l’adolescente. Sa mère, alcoolique au dernier degré, décide de tendre un piège au tueur. C’est peut-être une erreur. Une histoire basée sur une tendre relation mère-fille, qui seule triomphera de la misère et de la désespérance d'une banlieue pourrie, où règnent prostitution, alcoolisme et trafics en tous genres. Cécile et Lulu peinent à renverser leur sort, et même lorsqu'elles veulent se rebeller dans un sursaut volontaire, le destin reste implacable.
Dominique Sylvain : Disparitions
Elsa et Cédric ont pris leur décision en commun : enfanter par procuration. La mère porteuse se nomme Issara et l’enfant vivra. Mais aujourd’hui, Elsa marche dans les rues de Bangkok, le cerveau en feu, en quête de son enfant et peut-être aussi de son amour trahi. Cette soif de vengeance butera sur le réel. Bien différent de ce qu’elle pouvait imaginer. Elsa prête à toute pour retrouver son enfant, le fruit de sa chair né du ventre d'une autre. Rageuse, déterminée, au cœur d'une histoire actuelle, puisque la société s'interroge de la gestion pour autrui.
Marcus Malte : Tamara, suite et fin
Tamara est une Guyanaise née en 1946. Elle hérite d’une maison en métropole et se lance dans l’élevage de cochons. Elle est donc noire, étrangère au village et travaille comme un homme. Elle ne passe pas inaperçue. Certains cerveaux malades ne le supportent pas. Sa seule amie, une gamine, doit se battre pour la fréquenter. Un matin, Tamara décide d’en finir avec l’oppression agricole. Splendide personnalité se dévoile dans la violence, des hommes envers les femmes, et violence de la vengeance, proportionnée.